2018, Rencontres avec…

PIERRE BADOL

Pierre Badol a participé à l’édition 2018 de FestyVocal en composant « Télescopes Versifiés » pour le chœur d’application qui a ouvert l’édition avec cette pièce. Ce jeune corniste qui, jusque-là n’écrivait que pour les cors, a relevé à cette occasion un véritable défi : composer pour un chœur amateur. Nous revenons avec lui sur cette expérience.

FESTYVOCAL : Comment vous êtes-vous trouvé embarqué dans cette aventure ?

PIERRE BADOL : J’ai eu envie de participer au concours de composition, mais je n’envisageais pas vraiment d’être retenu. J’ai envoyé quelques pièces pour cor puisque c’est pour cet instrument que je compose habituellement. Et lorsque j’ai appris que le festival retenait ma candidature, j’ai vu cela comme un challenge. Composer pour un chœur amateur, avec en plus des contraintes très précises liées au site et au contexte du festival, c’était très intéressant pour moi. Et le fait qu’on ait un cahier des charges très précis, que ce soit quadrillé en quelque sorte, c’était plus confortable pour moi qui n’avait aucune expérience dans ce type de composition. J’étais guidé dans ces premiers pas.

FESTYVOCAL : Et finalement vous avez remporté le 1er prix ! Quelle expérience retirez-vous de cette participation au festival ?

PIERRE BADOL : J’étais très préoccupé par les répétitions. L’édifice est peu commun et impose une contrainte énorme ; en plus je ne suis pas exercé à ce type de musique, d’ordinaire je compose une musique à thème, ici pas possible à cause de la réverbération sonore ; j’ai donc opté pour une musique répétitive, une boucle modale, pour que les éléments ne s’entremêlent pas les uns aux autres. Il fallait que le son ne soit jamais inaudible, même s’il se superposait. Cette contrainte peut paraître difficile, mais elle permet d’explorer d’autres styles, et c’est ça qui est intéressant. Et puis c’est une expérience fabuleuse d’être joué devant un public.

FESTYVOCAL : Cet exercice vous a ouvert des perspectives à explorer ?

PIERRE BADOL : Oui, énormément. Déjà cela m’a donné envie de composer pour d’autres instruments que le cor. Déjà pour FestyVocal il y avait de la harpe avec les cors. J’ai compris la difficulté de s’adapter à d’autres instruments, et je souhaite continuer. Actuellement je compose une petite pièce pour contrebasse avec mon oncle. On est confiné en famille alors on en profite ! Je prépare aussi un concerto de 40 minutes pour tout un orchestre. J’ai envie d’écrire pour des formations différentes et que ce soit des partitions agréables à interpréter. Il faut faire quelque chose de beau, mais il faut aussi qu’on ait plaisir à le jouer. La musique n’est pas faite pour le public seulement, Il est important que chacun ait plaisir à l’interpréter. L’interprète ne peut pas tout faire, le compositeur doit travailler pour lui, pas pour le brider, mais pour lui préparer le travail et le lui rendre agréable.

Pour mieux connaître Pierre Badol

Pierre Badol a obtenu son 1er prix de cor à l’âge de 16 ans, au conservatoire de St Etienne où il a fait sa formation et, à 17 ans, il est récompensé par un prix de musique de chambre.

En 2009 il intègre le Pôle Supérieur au Conservatoire Régional de Paris et travaille avec Vladimir Dubois, super-soliste de l’Opéra de Paris. En 2011, il est reçu au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et suit la classe d’André Cazalet, cor solo de l’Orchestre de Paris.

A 21 ans il devient cor solo de l’orchestre Lamoureux et dans différentes formations comme l’Ensemble Furians ou le Sinfonia Pop Orchestra. Les grands orchestres nationaux Français et Européens l’invitent régulièrement.

Curieux d’explorer différentes voies musicales, il passe plusieurs concours internationaux et obtient 3 prix en Italie et en France. Il se produit aussi en soliste accompagné de formations prestigieuses comme l’Orchestre Philarmonique de Frioul-Vénétie, le Paris Percussions Group, l’Orchestre de l’Opéra de Cottbus en Allemagne… Il est dédicataire des concertos Corps Distants (J.J.Di Tucci) et Dzong (A. Ouzounoff).

Il souhaite enfin transmettre et depuis 2015 il est membre de l’équipe pédagogique au stage d’été Musique Vivante à Mehun et il est chargé de Master Classes dans plusieurs conservatoires (Versailles, Rambouillet, Bar le Duc…) et lors de festivals comme Eurocuivres, Cuivres en Dombes…

Il est également membre fondateur du Quatuor de cors HORNormes pour lequel il a composé deux quatuors de cors en 3 mouvements et transcrit de nombreuses pièces orchestrales.

LE QUATUOR HORNormes

Composé de 4 jeunes cornistes qui se sont rencontrés au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, le quatuor HORNormes n’hésite pas à explorer les multiples facettes du répertoire.

Avec ses 3 partenaires, Clément Charpentier-Leroy (soliste de l’orchestre de la Suisse-Romande), Maxime Tomba (cor solo de l’Orchestre des Pays de Savoie), Alexis Crouzil (cor solo de l’Orchestre de Suisse-Romande), Pierre Badol n’a de cesse de transmettre cet enthousiasme qui est le leur, pour la grande musique ; eh oui on peut être « jeune » et « raide-dingue de grande musique ». Concert, radio, animations scolaires tout est bon pour partager cette passion et leur amour du cor qu’ils racontent en musique. Leurs concerts sont enregistrés en vidéo, dont le script est écrit par Pierre, afin de transmettre leur bonne humeur à leurs fans. A retrouver sur leur site www.hornormes.com

 

BRUNO SIBERCHICOT

Bruno Siberchicot est l’auteur de la pièce « Par le mur étoilé » créée par le chœur d’application de FestyVocal, en ouverture de l’édition 2018 placée sous le signe « Espace et Lumière ». Ce physicien, docteur en sciences, travaillant dans la recherche à l’Université de Paris est aussi violoniste et altiste depuis son enfance. Il a été attiré par la composition progressivement, une fois devenu adulte, et a produit une grande variété d’œuvres.

LA MUSIQUE AU COEUR DE LA VIE

Né en 1963, il a mené en parallèle des études scientifiques et une formation musicale auprès de Jean-François Bénatar à Paris. Il a intégré le Conservatoire de Chatenay-Malabry et il a décroché en 2003 la bourse Gruner-Schlumberger pour étudier à l’Académie Internationale de Villecroze.

Violoniste et altiste, il s’est intéressé à la composition et a travaillé pour divers ensembles comme le Quintette de Bretagne (instruments à vent), l’ensemble Trielen (trio d’anches) et des solistes. Il a en effet composé pour la pianiste Laurence Rigaut (Within and Without en 2014 et Darks in Red en 2017) et la flûtiste Idelette Besson (Assaggio créé en 2018). Convolutions, une pièce pour clarinette a été créé en 2019 lors d’un concert hommage à Maurice Ohana.

Extrait de « Assaggio »

Il est aussi présent à l’étranger, il a composé une pièce pour hautbois créée en 2007 à Amsterdam dans le cadre du festival Gaudeamus puis reprise à Paris. Une pièce pour basson a été créée en 2009 à San Francisco.

Enfin la musique vocale l’intéresse aussi avec la composition d’un opéra de poche, Il Panettone, pour le duo Simolka-Wohlhauser et d’une pièce pour le chœur de chambre Vocalidas à partir du poème Les Horloges en 2014. Puis il a composé Par le Mur étoilé pour FestyVocal en 2018.

DES PROJETS EN ATTENTE

La pandémie a interrompu son activité en 2020. Une symphonie pour 5 violes aurait dû être créée en avril par l’Ensemble Velado. Mais cela n’empêche pas de travailler, il écrit actuellement pour un quatuor à cordes et a un projet pédagogique pour clarinettes avec le Conservatoire qui devrait voir le jour à la fin de l’année scolaire.

Pour découvrir ses créations on peut écouter 5 pièces enregistrées sur CD chez Chanteloup-Musique. Il est secrétaire de l’association Les amis de Maurice Ohana et président de « Résonances croisées », association dédiée à l’organisation de concerts de musique contemporaine.

Extraits divers:

« Souffleur »

 » Horloges »

« Changing »

« Duetto »

 

FESTYVOCAL, UN COUP DE POUCE A LA CRÉATION

La participation à FestyVocal a été une expérience intéressante pour Bruno Siberchicot. Il s’en souvient en ces termes : 

« Déjà l’accueil a été chaleureux et fort sympathique. J’ai pu assister à quelques répétitions avant le concert et cela c’est très intéressant. On voit évoluer la création, on y participe et surtout la composition est interprétée ce qui ouvre d’autres perspectives. »

Mais ce qui, aux yeux de Bruno, rend le festival très important, c’est qu’il offre la possibilité aux compositeurs de musique vocale actuels de voir leurs œuvres créées : 

« Quand on n’est pas dans les circuits officiels, c’est très difficile de créer aujourd’hui ; on a du mal à faire jouer de la musique contemporaine hors réseaux et c’est essentiel qu’il y ait des associations indépendantes des systèmes, des institutions, des académies pour la faire vivre. FestyVocal joue un véritable rôle pour aider la création musicale »

En plus le festival se tient dans un site particulièrement propice à éveiller la création :

« L’église Saint-Pierre et l’ensemble du site Le Corbusier offrent des perspectives sonores à explorer. Il y a beaucoup à faire tant sur les jeux de lumière que sur les jeux avec les sons et les espaces, de quoi éveiller la créativité. C’est pourquoi il faut inviter les compositeurs retenus à l’issue du concours, à découvrir les lieux et à rencontrer le chœur en amont, pour affiner l’écriture. Si j’ai un regret, c’est que je connaissais mal le niveau du chœur, d’où l’importance d’assister aux répétitions pour adapter l’écriture. Cette collaboration entre compositeur et chœur est indispensable, d’autant plus dans un site comme celui-ci ».